25 sept. 2008

La Fin du Chant Galsang Tschinag éditions Philippe Picquier



Galsan Tschinag nous conte son pays, le Haut Altaï et la vie d'une de ses familles, avec une poésie et un souffle puissant . Il dresse, en autre, un magnifique portrait de femme : Gulundshaa, fière, libre et amoureuse, nous suivons le parcours de la jeune Dombuk, future chamane, de ses frères et soeurs et de son père un homme en plein tourment intérieur... Voici un extrait: " L'eau lui sembla tout d'abord fraîche. Lorsqu'elle pénétra dans le courant, elle poussa un petit "ah" sonore. Mais l'impression de froid se dissipa vite. En revanche, le flot demeura mouvant, c'était comme si des centaines de douces lèvres embrassaient et caressaient sans cesse son corps, soudain libre, dans un état et un espace nouveaux. Elle sentait par moments la force du flux enfler, ses pieds se soulevaient au fond de l'eau et elle se rendait compte que le fleuve aurait pu l'entraîner. Mais elle n'avait pas peur, le chemin qui mène à la mort lui semblait familier, accessible et pas forcément redoutable. Tout demeure, rien ne passe ni ne s'efface, ce n'est qu'une métamorphose, se dit-elle sans plus y songer. Son coeur devint léger et son humeur solennelle. Elle eut envie de chanter pour partager avec d'autres le merveilleux sentiment d'exister qui l'envahissait. Elle voulait que ce soit un hymne à la gloire de tous et de tout: du ciel, des montagnes, des forêts, des fleuves et des steppes de l'Altaï, de l'herbe en train de pousser, de la chaleur et des orages, de la jument gris bleuté qui avait adopté le poulain étranger, de son père qui leur avait donné la vie, à elle et à ses frères et soeur, les nourrissant jusqu'à ce jour. A la gloire de Gulunshaa qui n'avait reculée ni devant le bonheur des autres ni devant leur douleur, et même à celle de la mort qui ne lui semblait plus si effroyable, puisqu'elle était incapable de détruire la vie. Pleine de ces pensées, elle vit le matin arriver de l'orient,, brillant dans le ciel au-dessus des montagnes et des forêts. Il lui fallait sortir des flots, retrouver son enveloppe, ses vêtements. Mais le sentiment d'excitation qui l'avait envahie, sous forme d'une grande paix, demeura." Ce livre est un véritable enchantement, si vous aimez les terres rudes, les peuples fiers et le lien étroit qui unit les deux, abandonnez-vous sans plus tarder à son chant entêtant...

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