17 avr. 2009

Le porteur d'eau et la jarre ébréchée (légende indienne)



Un porteur d'eau avait deux jarres, suspendues aux deux extrémités d'une pièce de bois qui épousait la forme de ses épaules. L'une des jarres était ébréchée et l'autre n'avait aucun défaut. La jarre fêlée perdait presque la moitié de sa précieuse provision en cours de route. Cela dura deux ans, pendant lesquels, chaque jour, le porteur d'eau ne livrait qu'une jarre et demi d'eau à chacun de ses voyages.
La jarre parfaite était fière d'elle, puisqu'elle parvenait à remplir sa tâche impeccablement. Mais la jarre abîmée avait honte de son imperfection et se sentait diminuée parce qu'elle ne parvenait à accomplir que la moitié de ce dont elle était capable. Au bout de deux ans de ce qu'elle considérait comme un échec permanent, la jarre endommagée s'adressa au porteur d'eau, au moment où celui-ci la remplissait à la source:
- Je suis bonne à rien, je te prie de m'excuser.
- Pourquoi? demanda le porteur d'eau. De quoi parles-tu?
-A cause de cette fêlure, je n'ai réussi qu'à porter la moitié de l'eau à notre maître. Tu fais tous ces efforts, et, par ma faute, pour finir, tu ne livres que la moitié de l'eau. Tu n'obtiens pas la reconnaissance de tes efforts, lui dit-elle.
Le porteur d'eau fut touché par cette confession, et, plein de compassion, répondit:
- Pendant que nous retournerons à la maison du maître, je veux que tu regardes les fleurs au bord du chemin.
Au fur et à mesure de leur ascension, le long du chemin, la jarre vit de magnifiques fleurs parfumées sur les bords du chemin, toute à sa peine elle ne les avait jamais remarquées et cela lui mit du baume au coeur.
Mais à la fin du parcours, son mal être revint parce qu'elle avait encore perdu la moitié de son eau. Le porteur lui dit :
- T'es-tu rendu compte qu'il n'y avait de belles fleurs que de TON côté, et quasiment aucune du côté de la jarre parfaite? C'est parce que j'ai toujours su que tu perdais de l'eau, et j'en ai tiré parti. J'ai semé des graines de fleurs de ton côté et, chaque jour, tu les as arrosées tout au long du chemin.
Depuis deux ans, j'ai pu grâce à toi admirer et cueillir de magnifiques fleurs qui ont décoré la table du maître. Sans toi, jamais je n'aurais pu en trouver d'aussi fraîches et gracieuses".

3 commentaires:

  1. Je suis touchée en plein coeur! Étrangement cette jarre me fait
    un peu penser à moi... Quelle
    belle histoire qui fait du bien
    à l'âme... Merci! xx :D

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  2. Je suis contente que cette histoire t'ait autant touchée Jojhoelle.
    Elle nous parle à tous, je pense. C'est vrai qu'elle fait beaucoup de bien à l'âme...il y a des histoires comme ça, qui ont de grands pouvoirs, c'est pour ça qu'elles traversent le temps et l'espace pour venir jusqu'à nous...

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  3. L'une et l'autre jarre ont leur rôle à tenir. Je crois très sincèrement qu'il n'y a pas de "jarre parfaite", il y a des jarres qui remplissent leur condition comme elles le peuvent, c'est tout.

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Chaque petit brin d'herbe déposé fait verdir la prairie de plaisir !