30 août 2008

Terres noires, Terres blanches - Andrew Mc Gahan éditions Actes Sud



" Un vrai livre de feu" dit la quatrième de couverture. Bien sûr cette saga familiale commence et se termine dans les flammes, mais il s'agit aussi du feu intérieur qui couve entre chacune des lignes. Il y a des livres comme ça, porteurs d'une énergie profonde qui irradie à travers les pages, j'en ressens les petits picotements dans les mains puis mon esprit et mon corps s'enflamment (il faut dire que je suis un excellent combustible!). Puis arrive le temps de la lecture: un petit garçon livré à lui même, une nature puissante et rude, comme les hommes qui l'habite, un manoir à l'abandon et une mère malade. Ce livre et moi étions fait pour nous rencontrer, c'est toute mon enfance que j'ai revécue à travers William, dix ans, hébergé lui et sa mère dans le domaine de son oncle après le décès brutal de son père. Son oncle justement, tout tourne autour de lui, il n'a qu'une idée en tête transmettre à William sa propriété, si durement acquise et que le gouvernement menace de lui reprendre pour la rendre aux aborigènes. Mais cet amour pour sa terre tourne à la folie et l'avis et le bien-être de William n'entre pas en ligne de compte. Cette histoire met bien en évidence l'immense solitude d'un petit garçon dans un monde d'adultes indifférents ou égoïstes qui ne voient en lui qu'un moyen d'arriver à leurs fins. Il y a de magnifiques pages sur le pouvoir des paysages sur l'esprit, sur la mémoire dont la terre est porteuse, sur le manque de communication entre les êtres, sur la transmission... L'auteur pose avec ce livre une question fondamentale: à qui appartient une terre, sur quels critères doit-on se baser pour le décider ? Extrait: "Cette région te parlera si tu l'écoutes. Les noirs disent qu'elle pénètre en toi par la plante des pieds, et ils ont raison. Mais ce n'est pas un truc aborigène. Ce n'est pas un truc de blancs non plus. C'est quelque chose d'humain. Tout le monde ne le possède pas. Mais moi, oui. Et toi aussi." Je rajouterais: n'y a-t-il pas des territoires qui sont si puissants qu'ils ne tolèrent aucun homme ?

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